Les joueurs de cartes d’ Altlinster
Un dimanche à Altlinster, un petit village de la vallée de l’Ernz, plusieurs paysans jouaient aux cartes. Les vêpres sonnèrent sans que les joueurs ne bougent une oreille. La propriétaire leur proposa une idée. L’un des joueurs se leva pour se rendre à l’église. Les autres, cependant, se moquèrent tellement de lui qu’il s’écria avec colère « Je jouerai avec vous aussi longtemps que je le pourrai et le diable prendra celui qui arrêtera de jouer en premier ! » Les autres acquiescèrent. Ils étaient sur le point de commencer la partie quand ils virent derrière eux un inconnu en costume de chasseur vert. L’étranger demanda à jouer et les autres acceptèrent. Bientôt, le jeu devint très animé car l’étranger jouait d’énormes sommes d’argent et il y avait des tas d’or sur la table La nuit tombant, ils continuèrent à jouer ; à l’aube, ils jouaient encore, se souvenant du terrible serment qu’ils avaient prêté. La femme du propriétaire remarqua la peur des invités et observa de près l’étranger. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle remarqua que le pied droit de l’étranger était un pied de cheval ! Elle se précipita immédiatement vers le pasteur pour lui demander de l’aide car elle était convaincue que ses invités étaient sous la coupe du malin. Le pasteur, un homme intelligent, se rendit à la taverne pour voir les joueurs, et après avoir vu l’étrange chasseur et entendu le serment téméraire des joueurs, il a demandé à se joindre à eux. On lui en donna l’autorisation, malgré la résistance de l’étranger. Après avoir joué quelques tours, le pasteur prit l’une des pièces d’or de l’étranger et lui jeta un sort, ce qui le transforma en tesson. Immédiatement, il jeta le tesson sur le reste de la pile, et il s’avéra qu’il ne s’agissait que de morceaux brisés. Le pasteur accusa l’étranger de tricherie, lui dit qu’il n’était pas digne de jouer plus longtemps et le força à poser ses cartes. Sur ce, l’homme se leva et lança d’une voix forte : « Vade rétro, Satanas ! » Et sur-le-champ, le prétendu chasseur s’échappa par la fenêtre ouverte, laissant derrière lui une odeur désagréable de soufre. Les joueurs, guérirent de leur dépendance et devinrent des chrétiens pieux. J.B. Klein, pasteur, d’après un manuscrit